Le Jeudi 19 septembre 2013 à 14h:30, salle des Thèses du Campus de Beaulieu, Mme Nathalie Costet soutient son doctorat, mention biologie et sciences de la santé, intitulé « Effets sanitaires de l'exposition aux sous-produits de chloration de l'eau » devant le jury composé de :
M Pascal GUENEL, Directeur de Recherche INSERM / rapporteur, Mme Virginie MIGEOT, MCU-PH, HDR, Université de Poitiers/ rapporteur, M Rémy SLAMA, Chargé de Recherche INSERM, HDR / examinateur, M Jean-François VIEL, PU-PH, Université de Rennes 1 / examinateur, M Jérémie BOTTON, MCU-PH, Faculté de Pharmacie de Paris Sud / examinateur, Mme Sylvaine CORDIER, Directrice de Recherche INSERM / directrice de thèse.
Résumé des travaux
Contexte : La chloration est le traitement le plus utilisé pour désinfecter l’eau distribuée à la population. Lors du traitement, des sous-produits de chloration (SPCs) se forment par réaction de la matière organique naturelle présente dans l’eau avec le chlore. Les produits les plus présents sont les trihalométhanes (THMs), les acides haloacétiques (HAAs). Des études toxicologiques (animales et in vitro) ont montré la génotoxicité et/ou carcinogénicité et la reprotoxicité de certains SPCs. Nous avons mené deux études évaluant les effets sur la santé humaine de l’exposition aux SPCs, dans le domaine du cancer et de la reproduction.
Association entre exposition aux THMs et risque de cancer de la vessie : une analyse poolée de 3 études cas-témoins européennes : Cette analyse a inclus 2381 cas et 3086 témoins issus de 3 études cas-témoins (France, Espagne, Finlande). L’exposition environnementale aux SPCs a été mesurée par la concentration en THMs estimée rétrospectivement dans les réseaux de distribution d’eau au cours des 40 années de la fenêtre d’exposition. Les usages de l’eau connus sont l’ingestion, les douches et les bains, la fréquentation de piscine (étude espagnole seulement). Une relation croissante a été observée entre le niveau environnemental de THMs, la durée d’exposition à une eau de surface chlorée et le risque de cancer de la vessie, chez les hommes uniquement. Aucune association n’a été observée avec l’exposition via l’ingestion d’eau du robinet. L’exposition via les douches, les bains et la piscine est apparue liée au risque de cancer de la vessie. Trois études cas-témoins nord-américaines ont été intégrées dans une méta-régression. Aucune spécificité européenne de la relation dose-réponse n’a été mise en évidence. Une relation dose-réponse globale incluant 4351 cas et 7055 témoins a été estimée.
Association entre exposition aux SPCs et risque de prématurité et de retard de croissance intra-utérin (RCIU) : Cette étude est issue de la cohorte bretonne Pélagie (3400 femmes enceintes recrutées en début de grossesse entre 2002 et 2006). L’exposition pendant la grossesse a été mesurée à l’aide de 2 indicateurs : la concentration en THMs de l’eau distribuée dans les réseaux et le dosage d’un biomarqueur urinaire (acide trichloroacétique) pour un sous-échantillon de femmes (étude cas-témoins nichée). Les niveaux dans les réseaux proviennent de la base de données réglementaire SISE-Eaux. Les usages de l’eau du robinet par les femmes pendant la grossesse ont été collectés par questionnaire (quantité d’eau du robinet bue, fréquentation de la piscine, fréquence et durée des douches et des bains). Notre étude suggère une association entre l’exposition prénatale aux SPCs et le risque de RCIU. Aucune association n’est observée avec le risque de prématurité.
Mots-clés : Epidémiologie; eau chloration; sous-produits de chloration ; trihalométhanes ; acide trichloroacétique ; cancer étiologie ; vessie; croissance fœtale; grossesse durée