Le 3 décembre 2013, à 14h, Campus de Beaulieu, Amphithéatre B, bâtiment 2A, Mme Faten MINA soutient son doctorat, mention traitement du signal et télécommunications, intitulé "Modèles biomathématiques des effets de la stimulation électrique directe et indirecte sur la dynamique neuronale: Application à l’épilepsie" devant le jury composé de : Jacques DEMONGEOT (rapporteur ; PU à l’Université Joseph-Fourrier Grenoble ), Fréderic AELXANDRE (rapporteur ; DR Inria à l’Université de Bordeaux II), Fernando LOPES DA SILVA (examinateur ; professeur émérite à l’Université d’Amsterdam, Pays Bas), Arnaud BIRABEN (examinateur ; PH au CHU de Rennes), Fabrice WENDLING (directeur de thèse ; DR Inserm à l’Université de Rennes 1) et Pascal BENQUET (co-directeur de thèse ; MCF à l’Université de Rennes 1).
Résumé : Les effets de la stimulation électrique sur la dynamique des systèmes neuronaux épileptiques sont encore méconnus. L’objectif principal de cette thèse est de progresser dans la compréhension des effets attendus en fonction des paramètres de stimulation. Dans la première partie du manuscrit, un modèle mésoscopique (population neuronale) de la boucle thalamocorticale est proposé pour étudier en détails les effets de stimulation indirecte (thalamique), avec une attention particulière sur la fréquence. Des signaux EEG intracérébraux acquis chez un patient souffrant d’épilepsie pharmaco-résistante ont d’abord été analysés selon une approche temps-fréquence (algorithme de type Matching Pursuit). Les caractéristiques extraites ont ensuite été utilisées pour identifier les paramètres du modèle proposé en utilisant une approche exhaustive (minimisation de la distance entre signaux simulés et réels). Enfin, le comportement dynamique du modèle a été étudié en fonction de la fréquence du signal de stimulation. Les résultats montrent que le modèle reproduit fidèlement les signaux observés ainsi que la relation non linéaire entre la fréquence de stimulation et ses effets sur l’activité épileptique. Ainsi, dans le modèle, la stimulation à basse fréquence (SBF ; fs <20 Hz), et la stimulation à haute fréquence (SHF ; fs > 60 Hz) permettent d’abolir les dynamiques épileptiques, alors que la stimulation à fréquence intermédiaire (SFI; 20 < fs < 60 Hz) n'ont pas d’effet , comme observé cliniquement. De plus, le modèle a permis d'identifier des mécanismes cellulaires et de réseau impliqués dans les effets modulateurs de la stimulation.
La deuxième partie du manuscrit porte sur les effets polarisants de la stimulation directe en courant continu (CC) de la zone épileptogène dans le contexte de l'épilepsie mésiale du lobe temporal (EMLT). Un modèle biomathématique bien connu de la région hippocampique CA1 a été adapté pour cette étude. Deux modifications sont été intégrées au modèle, 1) une représentation physiologique de l'occurrence des décharges paroxystiques hippocampiques (DPH) basée sur une identification de leurs statistiques d’occurrence basée sur des données expérimentales (modèle in vivo d’EMLT)et 2) une représentation électrophysiologiquement plausible de la stimulation prenant en compte l'interface électrode-électrolyte. L'analyse de la sortie du modèle en fonction de la polarité de stimulation, a montré qu'une réduction (resp. augmentation) significative des DPH (en durée et en fréquence) sous stimulation anodale (resp. cathodole). Un protocole expérimental a ensuite été proposé et utilisé afin de valider les prédictions du modèle.